Ce qu’il faut savoir sur les amortisseurs

Mettre un amortisseur sous la selle de notre monture est presque devenu un geste anodin. Mais en voulant préserver le dos du cheval, ce réflexe louable, qui semble forcément bénéfique, peut avoir un effet délétère… Sans parler de son incidence sur la pratique de l’équitation !


 
D’une manière générale, l’usage de l’amortisseur répond à trois situations :
→ le cheval de club qui, pendant plus de 15 ans et plusieurs heures par jour, va nous apprendre à monter et supporter notre assiette souvent lourde et incertaine ; 
→ le cheval, quel que soit son âge, au dos abîmé ou sensible ; 
→ le cheval de propriétaire, souvent très « bichonné ».
 
Protéger ces admirables compagnons qui encaissent nos maladresses avec tant d’abnégation est tout-à-fait légitime au regard de ce que nous leur infligeons. Il en est de même pour le cheval qui souffre du dos pour d’autres raisons (si on ne se pose pas la question de lui offrir sa retraite). Pour tous, il y a des problèmes éventuels à prendre en compte, au niveau du garrot et de la colonne vertébrale (le ligament dorsolombaire notamment). Il faut les éviter ou, a minima, les limiter le plus possible.
 

Des amortisseurs dans la selle

Si votre paire de chaussures vous va parfaitement, auriez vous l’idée de mettre une paire de chaussettes bien épaisses dans le but de la rendre encore plus confortable ? Non, probablement. Et c’est bien normal. De la même manière, si votre selle est adaptée, pourquoi ajouter quelque chose ? Car la selle est déjà pourvue d’amortisseurs : ce sont « les panneaux », sous l’arçon. Ils sont en feutre, laine, crins ou mousse pour la très grande majorité. Ils peuvent être cousus partout et fixes par rapport à l’arçon, ou « libres », à la française (ces derniers sont à privilégier).

Ces panneaux sont de densité variable et il faut s’en préoccuper car :
• trop mous et la selle devient un coussin flasque. Ils épousent les formes du cheval, mais leur rôle amortissant est réduit.
• trop durs, ils sont agressifs pour le dos du cheval ; la selle est alors inconfortable. Là aussi, leur rôle amortissant est réduit.

Il faut donc trouver la bonne densité, c’est-à-dire un compromis intelligent, à définir selon le souhait du cavalier. Le meilleur compromis, qui satisfasse tout le monde, étant d’avoir une densité différente pour les panneaux (côté cheval) et pour le rembourrage du siège de la selle (côté cavalier). On aura ainsi une selle plutôt moelleuse pour le cheval et plutôt ferme pour le cavalier. Chacun fera son choix…

Des « effets secondaires » peu souhaitables 

Attention ! Il ne s’agit pas de dire que l’amortisseur ne sert à rien ! Il faut étudier son intérêt en fonction du cheval et de la selle et, surtout, prendre conseil auprès d’un vrai professionnel (attention aux discours des vendeurs !). Il ressort toutefois que les amortisseurs sont plus utilisés en réalité pour égaliser les pressions sous une selle inadaptée, ou qui a des matelassures trop tassées (un professionnel qui monterait avec la même selle 6 ou 7 heures par jour pourrait devoir faire refaire ses matelassures plusieurs fois par an !).

Qu’il soit utile ou pas (le mental du cavalier joue aussi dans ce domaine !), il ne faut pas perdre de vue que son usage peut avoir des conséquences négatives, soit par sa simple présence, soit par un mauvais usage.


Un amortisseur sous une selle réduit la largeur de l’oméga de la selle. Par conséquent, le garrot et les trapèzes vont être comprimés et blesser (en surface ou en profondeur). Il crée également un appui sur toute la longueur du ligament dorsolombaire. Il faut en effet, comme pour la selle, savoir poser un amortisseur. Même bien posé, il finit par « jouer » sur la colonne, alors que la gouttière de la selle l’épargnait. Si l’on décide de mettre un amortisseur, il faut donc prévoir la selle en conséquence. Ensuite, il faut garder à l’esprit que l’amortisseur peut modifier les critères d’équilibre de la selle.

Quelles conséquences à multiplier les épaisseurs sous une selle ?

Sans rentrer dans les détails, une selle est un outil de communication. Elle permet de transmettre au cheval les indications du cavalier par son bassin, son orientation et son poids. De ce fait, elle doit être en contact étroit et donc, idéalement, sans surépaisseurs avec le dos du cheval. Sinon, les informations vont être diluées et le cavalier devra utiliser ses aides de manière plus intense (on perd en finesse) pour être « entendu » par le cheval. Inversement, le cavalier ne ressentira plus les frémissements du corps du cheval. Autant de précieuses informations perdues. Cheval et cavalier sont donc privés d’une bonne part de leur capacité à ressentir et, quelque part, privés d’une part de leurs émotions.  

 


 

Choisir un amortisseur

Un amortisseur doit être choisi de forme anatomique, tout comme un tapis. Cette forme est la meilleure. Commerce oblige, les fabricants proposent toutes sortes « d’amortisseurs »… qui n’en sont pas toujours ! Attention aux effets d’annonce !

 

L’amortisseur gel
Tout d’abord ils sont plats et leur matière ne permet de respecter ni l’espace sous la gouttière de la selle ni le garrot. Ces parties du corps du cheval sont comprimées et ne respirent pas… malgré des trous soit-disant à cet effet. Les études menées par les spécialistes avec des instruments de mesure des pressions mettent l’amortisseur gel en mauvaise position dans la liste des choix possibles. Et pourtant, tout en étant sans doute le pire, il est largement utilisé. Il faut savoir que le gel n’est que très peu amortissant en général. Pour avoir un rôle d’amortisseur, il faudrait qu’il soit à mémoire de forme. Or, il ne se déforme pas (Attention, ne mettez pas un pouce dans un amortisseur en gel pour tester sa déformabilité, ça n’a rien à voir ! C’est un test trop ponctuel).

 

L’amortisseur en mousse 
Il en existe deux sortes : la mousse « normale » et la mousse en néoprène, certaines étant à mémoire de forme, selon que les cellules sont fermées ou ouvertes. Pour choisir un amortisseur en mousse, il faut rechercher un produit qui associe plusieurs caractéristiques complémentaires :
• une forme anatomique ; 
• une épaisseur suffisante pour jouer le rôle d’amortisseur, mais assez fine pour ne pas détruire l’équilibre de la selle et « passer » dans la gouttière ; 
• avoir la bonne densité.
C’est la quadrature du cercle ! Bonnes recherches ! 

 

L’amortisseur en peau de mouton 
C’est sans doute la meilleure option. Il respire et ses qualités d’aplatissement/déformation (rôle amortisseur) sont importantes quand il est bien entretenu. Pour être efficace, il doit rester bien épais. Il faut le choisir avec la bonne forme anatomique.

 

L’amortisseur 3D 
Sous cette appellation qui laisse envisager le mieux… il y a à boire et à manger. Il faut le tester avec un tapis « à empreinte de pressions ».

 

L’idéal ? Une bonne selle, dotée de panneaux à la française en mousse (meilleure tenue dans la durée), un tapis fin… et un cavalier qui monte en légèreté !

 

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