Reculer… sans tirer !

Le reculer permet de reporter du poids vers l’arrière-main du cheval et, paradoxalement, de favoriser le mouvement en avant. «Plus le cheval reculera facilement, plus il se portera aisément en avant », a écrit François Baucher dans son Dictionnaire raisonné d’équitation. Voici quelques propos sur cet exercice en espérant qu’ils apportent aux cavaliers matière à réflexion et qu’ils les aident à mentaliser les gestes avant d’inviter le cheval à les suivre dans ce mouvement.

 

Le reculer demande du tact de la part du cavalier et ne se fait jamais sur une traction des rênes : celle-ci aurait pour conséquence immédiate de dissocier le mouvement : le cheval « ramperait » au lieu de reculer, dit autrement : il reculerait à 4 temps au lieu de 2 !
Reculer, c’est marcher… mais de manière rétrograde et diagonale (donc en 2 temps). Comme au trot, les membres se lèvent et se posent par bipèdes diagonaux, mais contrairement au trot, il n’y a pas de temps de suspension dans le reculer.

Le cheval doit s’engager dans la marche rétrograde (le reculer) avec autant de joie qu’il doit se propulser en avant dès que le cavalier l’y invite.

 


Avant de penser à faire reculer votre cheval,
avez-vous fait attention aux points suivants qui sont de la plus grande importance ?

 

• Comment arrêtez-vous votre cheval ? Vous utilisez 1 ou 2 rênes ? Simultanément ou alternativement ? À quel moment précis de la foulée agissez-vous pour obtenir l’arrêt ?

• Avez-vous remarqué que le cheval s’arrête sur une ½ foulée ? Pourquoi ? Comment indiquez-vous à votre cheval de faire cette ½ foulée ? 

• Que peut-on dire de l’équilibre du cheval ? Que peut-on en déduire ? Que doit-on faire ?

• Arrêt obtenu, faites-vous une descente de mains, jambes et assiette, ou gardez-vous l’attitude qui a permis d’obtenir cet arrêt pour le confirmer ? Pourquoi ?

• Choisissez-vous sur quel diagonal vous allez entamer le reculer ? Pourquoi et, si oui, comment ?

• À quel(s) moment(s) avez-vous demandé une cession de mâchoire ?

 

Ces points de réflexion seront expliqués par votre enseignant lors des cours.

 


 

Très souvent, cet exercice plein de qualité se transforme en une action destructrice pour le cheval,
tant morale que physique, à cause du simple fait (et ça suffit comme cause !) de tirer sur les rênes pour obtenir le reculer.

 

Voici quelques impératifs et citations qui peuvent aider à bien préparer la demande de reculer :

Pierre Pradier : « Le reculer est une allure comme les autres, qui doit, une fois déclenchée, s’entretenir elle-même sans intervention du cavalier. »

Racinet préconise de reculer « sur une profonde cession de mâchoire » et précise notamment : « L’aide de la main est relativement difficile à mettre en oeuvre dans le reculer sans créer de contractions. (…) La main est un frein (dans le mouvement)… mais à l’arrêt, il n’y a plus de mouvement à inhiber ! L’action de main doit donc prendre une nature très particulière dans le reculer. »
Le défaut général est de tirer les mains à soi :
« Reculer la main ne fait que comprimer le bout de devant, le cheval contracte dos et encolure, ce qui va entraîner la désunion des diagonaux. » « Deux excellents moyens de faire fondre les contractions provoquées par la main : la cession de mâchoire et/ou le délicat pincement de l’éperon. »

 

Pendant tout le reculer, les rênes doivent conserver leur tension du début ; céder quand un diagonal recule, reprendre lors du poser, pas plus ! Ainsi, on arrive même à reculer dans la descente de main !

« L’essentiel est de ne pas reculer la main du tout, de ne pas tirer du tout.
Ne pas tirer, avoir la main fixe est l’arme absolue. »  Racinet

 

Toute figure de dressage doit être un jeu, une danse que le cheval doit exécuter avec joie et allant « … eh bien, dansez maintenant ! »  

 

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