Votre cheval a-t-il le bon poids de forme ?

 

Les zones qui décrivent l’état corporel d’un cheval. © DR

Le poids de forme d’un cheval est l’état corporel lui permettant d’être au mieux de ses capacités métaboliques, donc physiques et sportives.

Un cheval doit être « fit », les muscles bien visibles sous une peau fine, celle-ci permettant une bonne thermorégulation pendant l’effort. L’absence de surpoids protège également le système ostéotendineux. Enfin, au niveau des différents organes et des muscles, surveiller le poids de forme limite les métabolites toxiques et préserve la santé du cheval.

 


 

Quand on manque de connaissances techniques pour évaluer le poids de forme d’un cheval, on se fie malheureusement à un jugement visuel, lequel est alors établi sans fondement, souvent influencé par les effets de mode, normes ou préférences : beaucoup aiment un cheval rond, estimant que c’est mieux. Le regard est faussé. Pour estimer le poids de forme d’un cheval, il faut l’observer et le palper. Il faut savoir reconnaître (et admettre) les signes clairs d’un embonpoint.

 

Les pathologies liées au surpoids

Elles sont nombreuses et directement liées à la pratique sportive. On n’en citera que quelques-unes :
Les myosites (processus inflammatoire et de destruction des cellules musculaires) : il en existe plusieurs sortes, et d’éthiologies variées, mais l’embonpoint reste un facteur récurrent. On l’appelle aussi « maladie du lundi » ou « coup de sang », « rabdomyolyses diverses »… Le pronostic sportif du cheval est engagé.
Les problèmes ostéo-articulaires : facile d’imaginer combien une surcharge de 60/80 kg ou plus peut être néfaste !
La fourbure alimentaire : encore un avenir sportif remis en question.
Les lipomes abdominaux : ces boules de graisse peuvent bloquer des anses intestinales.
Les problèmes de thermorégulation : ils passent souvent inaperçus aux yeux du propriétaire néophyte qui se déclare satisfait, que son cheval a bien travaillé car il est en sueur ! Il faut savoir juger à la fois du type de sueur et de sa quantité par rapport au travail.

 

Estimation de l’état de forme du cheval 

La vision du propriétaire et surtout l’image mentale qu’il a du « beau » cheval peuvent être source de mauvais jugements. Gaston Mercier, double champion d’Europe d’endurance avec le cheval Mao, disait que « le cheval est un athlète naturel ». Il signifiait par là (contexte de la déclaration) que, souvent, on inflige aux chevaux un surentraînement – alors qu’ils n’en ont pas besoin –, néfaste pour leur santé. Mais on en déduit aussi que, si le cheval est un athlète par nature, il doit avoir et garder un corps d’athlète, à savoir… un corps « fit », sans surcharge pondérale.

Ci-dessous, de 1 à 5, les différents états de forme du cheval (source : © équipédia – IFCE)

La meilleure manière d’estimer l’embonpoint du cheval est plus la main que l’œil. Pour ce faire, on procède à l’examen du cheval, zone par zone. À chaque zone, on attribue une note de 1 à 5 : 1 représente un cheval maigre, 5 représente un cheval obèse. Le poids de forme d’un cheval de sport « fit » se situe entre 2 et 3.

 

Tableau des zones de palpation et définition des notes (extraits du site de l’Inra)

Zone des côtes

Note 0 : l’attache des côtes aux apophyses transverses est apparente, les creux intercostaux sont bien visibles. La peau est sèche et collée aux côtes.
Note 1 : les côtes et apophyses sont apparentes, les creux intercostaux sont accentués. La peau est tendue sur les côtes. On ne palpe aucune trace de tissu adipeux.
Note 2 : les creux intercostaux sont légers mais laissent deviner les côtes. La peau est souple sur les côtes et on peut individualiser chacune d’entre-elles sous un léger dépôt adipeux.
Note 3 : la zone est uniforme, les côtes sont visibles. La peau et le tissu adipeux roulent sous la main. Une bande de tissu gras englobe la ligne des apophyses transverses.
Note 4 : le dépôt adipeux au niveau des apophyses transverses est marqué et roule sous la main. La zone des côtes est arrondie. Le dépôt adipeux peut être hétérogène.
Note 5 : la zone des côtes est bombée. Le dépôt adipeux peut être hétérogène. Un épais matelas recouvre les côtes et la ligne des apophyses transverses. La peau et le tissu adipeux sont épais et roulent sous la main.

Zone arrière de l’épaule

Note 0 : l’ossature des côtes et de l’épaule est très apparente.
Note 1 : la zone est en creux, laissant apparaître le relief de l’épaule. On ne palpe aucune trace de dépôt adipeux.
Note 2 : la zone est encore légèrement concave. Le relief de l’épaule se dessine. Un léger dépôt adipeux est palpable.
Note 3 : la zone est plate et l’épaule s’individualise. La peau et un dépôt bien délimité roulent sous la main.
Note 4 : la zone apparaît légèrement bombée. Le dépôt adipeux est épais et mou.
Note 5 : la zone est bombée. L’épaule est noyée. La masse de gras est importante et peut trembler au palper. On peut d’ailleurs mesurer l’épaisseur du pli cutané à cet endroit. On mesure 10 cm, et on pince la masse.

Zone du garrot

Note 0 : le garrot est très saillant. Les apophyses épineuses sont facilement identifiables. La peau y est collée et elle est très sèche.
Note 1 : le garrot est saillant. Le haut de l’omoplate est visible. La peau est tendue et on ne palpe pas de dépôt graisseux.
Note 2 : la forme du garrot ressort. Il est marqué et sec. Ses faces latérales sont plates.
Note 3 : le garrot ressort légèrement.
Note 4 : le garrot est noyé.
Note 5 : la garrot est noyé et ses deux faces latérales sont bombées.

Zone du bord supérieur de l’encolure

Note 0 : le bord supérieur est émacié, laissant voir les muscles secs et plaqués sur la colonne cervicale, dont on devine l’ossature.
Note 1 : le chignon est à peine apparent. La ligne de base est presque inexistante. On discerne l’ossature.
Note 2 : le chignon est visible et on voit sa ligne de base.
Note 3 : le chignon est légèrement bombé et bien dessiné. La ligne est peu apparente.
Note 4 : le chignon est bombé, épais. Il n’y a pas de ligne de base. Le chignon est ferme et peut être pris dans la main.
Note 5 : le chignon est très bombé, noyé dans la masse de l’encolure. Il peut être mobile.

Zone de la ligne du dos

Note 0 : l’ossature est très apparente. Les corps vertébraux peuvent être individualisés.
Note 1 : la ligne du dos est accentuée et les apophyses dorsales sont marquées.
Note 2 : la ligne du dos est marquée, les apophyses épineuses sont peu couvertes.
Note 3 : la ligne du dos apparaît légèrement.
Note 4 : la ligne du dos est noyée.
Note 5 : la ligne du dos est noyée et apparaît même en creux.

Zone de la croupe

Note 0 : la fonte musculaire est accentuée et rend l’ossature très apparente. Les pointes de hanches et fesses sont très apparentes.
Note 1 : les contours de la croupe sont concaves et les pointes de hanches et fesses bien apparentes.
Note 2 : l’arrondi de la croupe s’harmonise et les pointes de hanches et fesses sont discernables.
Note 3 : la croupe a un aspect arrondi, et on devine les pointes de hanches et fesses.
Note 4 : la croupe est ronde, le sillon (ligne de misère) a disparu. Les pointes de hanches et fesses sont peu discernables.
Note 5 : la croupe est rebondie, voire double. Les pointes de hanches et fesses sont noyées.

Zone de l’attache de queue

Note 0 : les vertèbres de la base de la queue sont apparentes.
Note 1 : la queue se détache nettement de la croupe. La colonne est visible.
Note 2 : l’attache de la queue se détache de la croupe, un léger creux se dessine. Il y a un très léger adipeux à sa base.
Note 3 : la queue est relativement dégagée malgré la présence d’un léger dépôt adipeux à sa base. Ce dépôt est ferme.
Note 4 : l’attache de la queue se détache peu de la masse de la croupe. Le dépôt adipeux est mou et épais.
Note 5 : la base de la queue est massive, noyée dans un rond de tissu gras. L’attache de la queue est entourée d’un coussin de graisse de consistance spongieuse. On appelle un cheval dans cet état un « suiffard ».

 

Photo d’un Akhal-Teké “ fit ”.  Si la morphologie du cheval varie, dans son allure globale, selon la race,
les tests et les évaluations des épaisseurs adipeuses sur le corps restent valables, tout particulièrement
pour les chevaux de sport affûtés pour la performance : un pur-sang de centre équestre monté en reprises
n’aura pas une allure aussi longiligne qu’un pur-sang entraîné pour les champs de courses. © Equipedia – IFCE

En conclusion

Toutes les zones examinées n’ont pas exactement la même valeur signifiante. Pour avoir un résultat très précis, il faudrait appliquer un coefficient à chaque zone, mais cet article n’a pas vocation à trop entrer dans les détails. Il vise davantage une sensibilisation des personnes évoluant dans le monde du cheval. Reste que cet examen, s’il est correctement effectué et noté, donne une très bonne idée de l’état corporel d’un cheval et amènera quiconque s’y intéresse à une bonne réflexion sur le sujet.
À noter que le site de L’Institut du cheval et de l’équitation (IFCE) propose un outil de simulation en ligne, très simple à remplir, qui permet d’estimer le poids de forme en quelques clics et d’avoir le résultat immédiatement. Vous voulez  faire la simulation ? Cliquez sur ce lien !

 

« Chez les chevaux comme chez les humains, le surpoids est un fléau.
Souvent les propriétaires disent que leurs chevaux sont plus beaux en étant un peu grassouillets.
Mais croyez-moi, ça n’est pas un cadeau qu’on leur fait ! »
Camille Saute, directrice scientifique Equisense

 

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